Extrait du dimanche 31/01/2021 LYON.

 

 J’attends.

 

 

 

    Assis à l’entrée du service chirurgie depuis sept heures, je regarde un ballet incessant de danseurs ou danseuses le visage crayeux, ils esquissent un sourire fatigué. Tous, sont accompagnés d’un même cavalier filiforme plus ou moins enrubannés de tuyau plastique et décorés sur la tête des mêmes poches translucides. Leurs multi-pieds à roulettes semblent glisser sur le sol miroir glacé des couloirs.

 Pourtant, les danseurs semblent contents de me saluer, d’un mouvement de tête pour certains, d’un bonjour résolument victorieux pour d’autres. Ils sortent et rentrent dans le service en valsant dans un silence respectueux, se prenant parfois les pieds pantouflés dans les tentacules transparents de leurs cavaliers métallique.

J’attends.

Deuxième chariot-lit rentrant, toujours pas Elle. Ça m’étonne, pour une fois elle s’est laissé doubler. Quand nous marchons dans la rue, elle n’est jamais à mes côtés, elle est toujours devant et inutile essayer de la rattraper, elle s’arrangera pour repasser devant et notre promenade finira en footing. C’est pour cette raison, qu’en vacances, je lui tiens la main.

 Je réactive mon portable. Merde, trois appels manqués ! Le chirurgien, comme promis, à chercher à me joindre à quatorze heures trente-quatre. Les deux autres appels sont manqués eux aussi mais, cela n’ont aucune importance dans l’instant.

 Quinze heure cinquante-cinq,

 -Ha, enfin la voilà ! Je vous l’avais bien dit monsieur, avant seize heures !

 Allongée dans ce brancard, son cavalier n’a pas de pieds, il est attaché aux montants du lit et les baudruches transparentes semblent la surveiller dans son sommeil.

 

Elle respire !