Gabriel.
Extrait
d'un futur roman ''Gabriel.'' ''Bien
que dans la salle du café toutes les lumières soient allumés,
l'espace me parait sombre et profond. Rien n'arrête mon regard même
pas leurs corps. Ils sont transparents, non, mieux ils sont
inexistants. Je suis seul enfin. Mon acharnement à m'effacer aux
yeux des autres m'a permis de m'envoler. Le début a été difficile.
Comment expliquer à son entourage cette soudaine envie de rompre
avec ce monde sans épaisseur. Ces propos anodins et vides de sens
appris par nos géniteurs pour perpétuer cette civilisation, ferment
à jamais l'esprit de l'homme. Espace clôturé, responsable de
l'enfermement de l'individu dans ce moule aux allures démocratiques,
cent fois usé mais mille fois rapiécé. Ces propos me sont devenus
insupportables. Je jalouse les moines enfermés dans leurs monastères
à Notre Dame des Neiges, en Ardèche, où le verbe parler est banni.
Que de discours inutiles, de paroles débitées comme une triste
rengaine sur un vieux phonographe. Sous prétexte de vouloir
appartenir physiquement à cette morne société, devons-nous faire
abstraction de tous nos sentiments.'' Édouard Pailhès.